
Histoire, patrimoine
Plélo possède un patrimoine riche, avec ses chapelles, manoirs et lavoirs. Ces lieux racontent l’histoire de la commune et témoignent de son passé breton.
Ancienne église
Elle était située au milieu de la place principale et un cimetière entourait cette église.
La nef et les bas côtés avec leurs pleins cintres et leurs neuf gros piliers carrés en font une église romane qui daterait d’avant le XIIème siècle.
Le pavé de l’église était composé de pierres tombales marquées de plusieurs écussons.
La chapelle Sainte-Anne datait de l’époque gothique. (15ème siècle)
Une rosace flamboyante formait la fenêtre du maître autel.
Cette église primitive était jadis dédiée à Saint-Benoît, si on en juge par un acte de 1235.
Il est difficile d’en dire plus car les papiers de cette église furent brûlés pendant la révolution.
L’ancienne église renfermait jadis les tombeaux des seigneurs de Plélo, dont celui, encore visible dans l’église actuelle, du comte de Plélo (1734).
Cette église était devenue très dégradée. Les murailles étaient lézardées et la couverture devenait pitoyable. Ce n’est donc pas par orgueil que la commune s’est décidée à rebâtir son église, devenue trop petite avec ses 28 mètres de long et ses 16 mètres de largeur.
La reconstruction de l’église s’est faite après avoir transféré le cimetière à son emplacement actuel, à environ 400 m du bourg. Ce cimetière était de toutes façons devenu trop petit. Il faut dire qu’à cette période, vers 1860, la commune comptait 4392 habitants.
Église Saint-Pierre et Saint-Paul
Sa construction a duré 3 ans, de 1872 à 1875, mais ses plans avaient dû être faits avant la guerre de 1870. Les tractations ont duré une dizaine d’années. L’église Saint-Pierre et Saint-Paul fut construite par l’architecte Théodore Maignan. La première pierre fut posée le 4 avril 1872.
L’église fut bénie le 13 juin 1875 mais la flèche ne fut montée qu’en 1887.
C’est le maire, Mathurin CORBEL, de La Ville Geffroy, qui a initié les démarches de sa construction. Il ouvrit même une souscription dans la commune, sans grand résultat.
Une carrière fut ouverte à 1 km du bourg, près de La Ville Geffroy. C’est le curé qui organisait les corvées de transport des matériaux dans les charrettes tirées par les chevaux.
Les messes étaient célébrées dans une cabane, construite dans le nouveau cimetière, pendant toute la durée des travaux.
C’est le nouveau maire, Augustin CORBEL qui présenta le dossier au conseil municipal de l’époque, en 1870.
Les matériaux principaux furent le granit de l’Ile Grande, les moellons, le Tuffeau appelé pierre de Caen et qui transitait par Binic, le sapin du Nord et les ardoises d’Angers.
La rosace de la maîtresse fenêtre de l’ancienne église fut conservée à la demande de la population.
La voûte s’écroula à la fin des travaux et il fallut en remonter une nouvelle. Cet accident ne fit que deux blessés.
L’église fut inaugurée le dimanche 20 juin 1875 par l’évêque, Monseigneur David.
C’est François CORBEL, le nouveau maire, qui fit solder les travaux en 1877.
Quelques dates :
- Le pavage en 1878,
- la pose des 14 tableaux du chemin de croix en 1882 (peinture à l’huile sur toile réalisée par M. Roussel de Beauvais),
- la construction de la flèche de 47m en 1887,
- et l’électrification des cloches en 1948.
- de 1979 à 1982 : décapage des enduits, réfection des joints, protection des vitraux, toiture refaite sous le mandat du maire, Yves INIZAN.
Les enduits extérieurs ont depuis été refaits et l’intérieur complètement rénové et éclairé.
L’huile sur toile intitulée «la Donation du Rosaire», qui est une œuvre de César de Launay, date de 1671 et se trouve dans le transept droit. Ce tableau a été offert par la comtesse de Quélen.
La tombe du Comte de Plélo est replacée dans le transept gauche.
Le calvaire, en bois polychrome, date du XVIème siècle.
Le tableau de la Visitation a été rénové en 2005 grâce à l’Etat.
Vitraux patriotiques
Dans cette église, on peut voir deux vitraux patriotiques réalisés à la gloire des poilus de la guerre 14-18.
Ils ont été peints par Louis BALMET et sont disposés de chaque côté de la nef.
Ils sont reproduits sur toute la grandeur de la fenêtre. Cela souligne la volonté de l’artiste à mettre en valeur la foi catholique face à la mort.
En effet, dans l’enfer d’une tranchée, des soldats s’activent à renforcer et à défendre leur position.
Les couleurs les plus vives de cette verrière sont celles des déflagrations des obus qui sèment la terreur aux abords de l’endroit où se trouvent les poilus de la Grande Guerre.


Description du vitrail de gauche
Au premier plan
Un soldat agonise, les mains jointes, le regard rivé sur le crucifix que lui tend l’aumônier militaire qui lui administre les derniers sacrements.
Détails
On notera aussi l’inclinaison anormale de la croix rouge sur le brassard de l’infirmier. En imposant la même inclinaison à cette croix et au crucifix, BALMET souhaite souligner la complémentarité des deux secours apportés au soldat qui agonise : l’aide des hommes et le réconfort de la religion.
Au bas du vitrail
La partie inférieure des deux vitraux est occupée par les portraits de quatre soldats de la commune de Plélo, morts pour la France.
La famille LE GLATIN a donné à la France trois de ses fils :
- Louis, François, Marie, né le 8 février 1874 à Plélo, sert comme adjudant au 74ème Régiment d’Infanterie Territoriale, lorsqu’il tombe au Chemin des Dames, dans le département de l’Aisne, le 27 mai 1918. Il avait quarante-quatre ans.
- Jean-Louis, Marie, né le 27 janvier 1887 à Plélo, est sapeur au 6ème Génie lorsqu’il meurt à l’hôpital numéro cinq d’Amiens, le 23 mai 1915. Il avait vingt-huit ans.
- Auguste, Jean, Marie, né à Saint-Donan le 29 septembre 1892, est 2ème classe au 19ème Régiment d’Infanterie, lorsqu’il est tué par l’ennemi le 29 août 1944, à Maissin en Belgique. Il avait vingt-deux ans.
- Le quatrième homme est un homme d’église. Il s’agit de l’abbé Charles HETET, né le 28 octobre 1892 à Châtelaudren et affecté comme 2ème classe au 161ème Régiment d’Infanterie. Il meurt le 15 octobre 1915 à Saint-Hilaire-Le-Grand dans la Marne. Il avait vingt-deux ans.
Cela nous rappelle que certains hommes d’église ont donné leur vie pour défendre leur nation.
Un recensement mené conjointement par une association de recherches et d’études sur la vie des bretons de la Grande Guerre et le service des archives de l’évêché a évalué à 150 le nombre d’ecclésiastiques des Côtes d’Armor, morts pour la France (95 prêtres et 55 séminaristes).
Mines de plomb de La Ville Alhen
C’est au XVIIIème siècle que l’histoire de l’exploitation des mines de plomb argentifère commence en Bretagne. À cette date, la Bretagne produit à elle seule les deux tiers de la production nationale de plomb. La galène est le minerai de plomb le plus abondant. Il contient souvent des quantités d’argent. Le plomb argentifère, de couleur gris-bleu, est un métal mou qui contient de l’argent. Le problème pour l’organisme est réel car les sels de plomb sont toxiques et l’organisme ne les élimine pas.
À quoi sert-il ?
Le plomb sert à fabriquer des tuyaux et des rondelles car c’est l’époque où les communes se lancent dans l’adduction de l’eau potable. L’argent, lui, est conditionné en lingots de 25 kg pour être vendu pour l’affinage.
Comment ça fonctionne à cette époque ?
Il faut laver et trier le minerai qui sort de la mine. On le transporte sur des wagonnets vers la laverie. Il faut ensuite le broyer et le cribler, puis le laver avant d’utiliser la fonderie pour en extraire le minerai.
Le mineur descendait dans les puits pour extraire le minerai avec une perforeuse et un marteau piqueur. Il s’éclairait avec une lampe à carbure. Il travaillait en 3/8, dans l’humidité permanente car il y avait des sources partout. Les pompes fonctionnaient tout le temps. Les congés n’existant pas avant 1936, il n’y avait qu’un jour de repos par semaine : le dimanche, jour de fermeture de la mine. Après chaque accident, la direction de la mine accusait les mineurs de négligence, c’était toujours de la faute des ouvriers.
Mines de plomb argentifère
En 1762, le naturaliste Valmont de BOMARS découvre à La Ville Alhen, une mine de plomb argentifère. L’exploitation a connu une interruption de l’exploitation, à la fin du XVIIIème siècle. Le 16 novembre 1790, la fonderie de la Ville Fumée fut vendue.
Les mines reprennent leur activité vers 1920-1930. Elles ont laissé quelques noms dans le patrimoine local, comme le Moulin du Val ou la Ville Fumée.
C’est sur le site du Moulin du Val qu’ont lieu en 1764 les premiers travaux d’extraction du plomb argentifère, avant ceux de La Ville Alhen et de Trémuson. Plusieurs moulins sont en effet nécessaires pour actionner les machines de la fonderie, situées près de La Ville-Fumée.
Beaucoup de moulins présents sur la commune ont disparu. Ils serviront plus tard à moudre du grain.
La Ville Fumée : c’était la ville enfumée à cause de la fonderie qui existait à cet endroit. Il fallait fondre le minerai en faisant des grands feux de bois. Cela créait beaucoup de fumée !
En 1767, à la Ville Fumée, furent construits des bâtiments d’exploitation de la mine de plomb argentifère, découverte en 1766 par le naturaliste Valmont de BOMARS.
Cette mine avait 15 filons dont les principaux allaient jusqu’à Plouvara, Plerneuf, Trémuson et Plérin. La concession fut abandonnée en 1780 et les bâtiments érigés à cette époque ont disparu.
En ce temps-là, un canal reliait la Ville Fumée et le moulin du Val en longeant le Leff. Il était assez large pour transporter les matériaux des deux puits du moulin du Val à la fonderie de la Ville Fumée. Il existera aussi un chemin permettant aux chevaux de tracter le minerai entre la Ville Fumée et la Ville Alhen.
La Ville Alhen et sa mine de plomb argentifère
Elle s’étendait sur une grande superficie et était composée de plusieurs éléments. Cette mine était constituée d’un atelier de fabrication, d’un transformateur, d’un canal et d’un barrage. Elle a fonctionné au départ entre 1766 et 1790, elle reprendra son activité de 1922 à 1931.
Les matériaux utilisés pour la construction étaient en briques, en béton et en parpaing de béton. La couverture utilisait des ardoises et des tôles ondulées.
Les ateliers proprement dits étaient situés près du puits Bouthillier. Ils formaient un long bâtiment rectangulaire en rez-de-chaussée, bâti en briques et couvert par un toit en tôle de bitume. Il était rythmé à intervalles réguliers par une succession de portes et de fenêtres à encadrement en bois.
En face du bâtiment, au nord, se trouvait un transformateur en ciment.
Dans le village, des maisons qui avaient vraisemblablement été construites pour loger des ouvriers étaient des maisons de plan rectangulaire, en rez-de-chaussée, en pierre, recouvertes partiellement d’un enduit de ciment et couvertes par un toit en tôle ondulée. Le village a compté 33 maisonnettes, un centre d’exploitation, un atelier, des magasins, un stockage de minerai, une laverie, un cinéma et une cantine.
Plus au nord, toujours sur le bord de la route, à proximité du puits Cornouan, on trouve les ruines de deux petits bâtiments rectangulaires en briques, en rez-de-chaussée, couverts par un toit à longs pans en tôle ondulée.
Au nord-est, le long de la route, sur le ruisseau de l’étang pavé, subsiste un lavoir en ciment, dont les structures complexes laissent penser qu’elles ont dû appartenir à une retenue d’eau utilisée lors de l’exploitation de la mine.
Le nom des puits du Bouthillier et de Cornouan viennent du nom d’anciens actionnaires de l’époque de 1780.
Enfin, au sud, au lieu-dit Le Paradis, la société des Mines de Trémuson avait établi vers 1928 une petite cité ouvrière, composée de 33 maisonnettes, dont il ne reste actuellement que les fondations en ciment isolées au milieu de champs.
Cette mine était dans le périmètre de la concession de la mine de plomb argentifère de Trémuson et exploitée par la même société à la fin du 19e siècle puis réactivée à partir des années 1928. Ce secteur possédait 4 puits de recherche. Elle est actuellement désaffectée.
Les ouvriers étaient surtout des étrangers qui venaient principalement de Pologne.
À cette époque, la fonderie se trouvait à Trémuson, au lieu-dit « Les mines ». C’était en camion que le minerai quittait la Ville Alhen, ce qui était rare à l’époque.
Une galerie reliait les puits et servait à les aérer et à en extraire l’eau.
En 1930, 80 personnes étaient employées sur ce site d’exploitation.
Quelques désagréments ont été signalés :
- Les puits creusés dans les fermes pour avoir de l’eau ont souvent été taris à cause des trous de mines.
- En 1929, la laverie rejetait ses eaux de lavage contenant du plomb dans les ruisseaux de l’étang pavé et donc de l’Ic. La direction organise alors, après plusieurs plaintes, un circuit fermé de recyclage pour assainir les eaux de rejet.
Après la fermeture des puits, la fonderie de Trémuson fonctionnera encore jusqu’en 1936 avec du minerai d’importation.
Un livre écrit par Alexandre CORBEL sur les mines est consultable à la médiathèque.
Les périmètres des puits sont sécurisés et protégés, il est donc déconseillé de chercher à les retrouver.